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Plus que jamais nos habitudes de consommation suscitent réflexion et remise en question. Une nouvelle philosophie liée au jardinage commence quant à elle à faire des émules outre Atlantique : le « Slow Gardening ».

A mi-chemin entre consommation durable, partage, et pleine conscience, cette tendance appelle à un retour à des valeurs plus responsables. S’il est bien une leçon imposée par le confinement, c’est celle d‘apprendre à prendre son temps. Désormais, on flâne les pieds dans l’herbe, on profite de l’odeur du lilas, et on pense « eco-logique ». Dans cette nouvelle ère du jardinage, les pesticides sont proscrits, et l’on tend peu à peu vers la permaculture, le compostage, et le paillage. « On peut profiter de cette période estivale pour installer des engrais verts sur certaines zones du potager. Les semences de colza, de moutarde blanche, ou encore de navette, permettent de garder le sol couvert, de lui fournir les éléments nutritifs dont il a besoin, et de le travailler grâce à leur système racinaire », explique Patrice Bajan des « Espaces Verts Du Languedoc ».

Un jardinage lent et réfléchi, qui implique aussi une sélection étroite dans le choix de ses végétaux. On optera pour une consommation locale afin de soutenir les pépiniéristes et horticulteurs de notre région, et bénéficier de leurs précieux conseils. Le « Slow Gardening » est donc bel et bien un investissement proactif de son extérieur ! De l’art de s’accorder au rythme de la nature, où la faune et la flore reprennent leurs droits pour notre plus grand plaisir.

Parole d’expert avec Olivier Mousseigt (Jardinier)

«  Il est important d’adapter ses plantations à son espace de vie, et à l’orientation de son extérieur. Pour les petits espaces comme les balcons, on optera pour des végétaux à faible développement, ou pour des plantes naines. Les extérieurs de taille réduite et ombragés pourront accueillir des végétaux en bac, comme la bruyère, l’azalée, ou le sarcococca. A l’inverse, le phormium, l’agapanthe et l’abelia nains, les cactées, ou encore le yucca rostrata, se plairont dans les petits espaces ensoleillés. De même pour le potager, qui appréciera les expositions plein sud. Enfin, les zones très abritées, type loggia, seront l’emplacement idéal pour les agrumes. Notez qu’un arrosage régulier tout au long de l’année s’impose, pour ces espaces fermés qui ne bénéficient pas de la pluie. De plus, le végétal en bac s’abîme plus qu’en pleine terre. Agrémentez votre arrosage d’un engrais en granule ou liquide pour les jardinières qui trônent sur vos balcons.

Du côté des plus grands espaces, la tendance est aux jardins à l’anglaise qui sonnent le retour au naturel et demandent moins d’entretien. Ainsi, la mode du minéral fait son grand « come-back », et l’ardoise sous forme de paillettes ou de pas japonais investissent les extérieurs. L’acier corten s’invite aussi dans les jardins. De nouveaux éléments de déco comme des bouts de bois, des monolytes, ou encore des œuvres d’art en fer corten, se laissent manger par le végétal et confèrent une autre dimension aux coins de verdure. Toujours dans la même veine, la permaculture redonne ses droits à la nature. Recouvrez le sol de votre potager de copeaux de bois pour faire des économies d’eau, limiter la levée de mauvaises herbes, nourrir la terre, et protéger les racines du froid en hiver et du chaud en été. Et pour un jardinage toujours plus écologique, le compostage permet de faire des économies et du bien à l’environnement. Les pesticides sont alors de plus en plus bannis, et le temps est venu d’accepter les mauvaises herbes dans le jardin. Pour protéger ses plants et plantes, on ouvre désormais sa porte au bio contrôle. Les larves de coccinelles sont idéales pour lutter contre les pucerons, les pièges à phéromones protègent des chenilles processionnaires, et les nématodes débarrassent des papillons qui ravagent les palmiers .

Au moment où les débats autour du glyphosate et de la tomate hors sol font rage, les Français se tournent de plus en plus vers le BIO, et délaissent peu à peu les cultures dites conventionnelles. Et tandis que le consommateur est de plus en plus renseigné, les enseignes Bio se multiplient et les modes de productions alternatifs – comme les AMAP et les Ruches – se développent. A l’ère du « mieux manger », les slogans des hard discounters ne prônent pas tant les prix bas, que des produits sains et équitables. Se fournir en direct du producteur a le vent en poupe, et certains noms barbares comme « permaculture » commencent à rentrer dans le vocabulaire des consommateurs. Désormais, le combat face aux problèmes climatiques et sanitaires se passe dans l’assiette et chacun lutte armé de sa fourchette. Un panier à salade dans lequel il est parfois difficile de faire son choix. État des lieux des bonnes adresses près de chez vous.

 

 

 

 

 

Tandis que l’on nous rappelle sans cesse qu’il n’est rien de tel que de connaître la traçabilité des produits, quoi de mieux que de se fournir directement à la source ? Difficile pourtant de choisir vers qui se tourner, une fois de plus. On sait que le BIO c’est bien. Mais la permaculture c’est mieux ! Zéro pesticide, moins de désherbage, et moins de consommation d’eau. C’est pour cette raison que Martin Barthélémy, producteur de légumes au « Chant Des Champs » à Cornebarrieu, en a fait sa vocation. Une démarche de conception éthique visant à recréer l’écosystème de la fôret, et de tout son habitat en matière de faune et de flore. « Dans ce système agricole, les végétaux qui tapissent la terre, la nourrissent et lui permettent de conserver une certaine humidité, ce qui implique moins d’arrosage. Un environnement qui attire les insectes, comme les vers de terre ou les scarabées, véritables petits « laboureurs », et qui contribuent à ce terreau vertueux pour le maraîchage », argumente Martin Barthélémy, producteur du « Chant des Champs ».

© Hélène Ressayres

Dans ce mode production qu’est la permaculture, on redonne ainsi tout son pouvoir à la nature. Une démarche éthique qui nécessite d’apprendre des erreurs du passé, de poser un cadre de valeurs pour construire une agriculture plus juste, de tempérer les égoïsmes instinctifs et modes de consommation, implantés depuis longtemps. Cela implique donc la résilience ; celle d’accepter que la nature ne fournit pas sur commande et que les saisons rythment les productions. Et cette révision de copie en ce qui concerne son mode d’alimentation a de nombreux avantages directs pour le  consommateur. En effet, pour Martin Barthélémy, « Le BIO cher n’est pas une fatalité ! ». « Le Chant Des Champs » propose deux formules : un tarif forfaitaire avec un engagement sur la saison et des paniers composés par les soins du producteur, ou des cagettes à la carte, des légumes mûrs et ramassés la veille à un prix défiant toute concurrence. Et lorsque l’on demande à Martin Barthélémy les recettes pour se nourrir mieux demain, la réponse est sans équivoque : « Il est impératif de privilégier les circuits courts. Nous sommes dans une région bien lotie en ce qui concerne les producteurs, donc autant en profiter ! Si on ne connaît pas les adresses, les marchés peuvent être un bon endroit où les trouver. Enfin, je pense que le prix n’est pas un gage de qualité. Le BIO est toujours mieux que le conventionnel, mais il ne justifie pas toujours que l’on marge autant ».

Article rédigé par Hélène Ressayres