Apparu fin novembre 2020 dans le désert de l’Utah, un monolithe argenté avait soulevé de nombreuses questions, d’autant plus que bien d’autres de ces objets avaient fait irruption eu peu partout ailleurs dans le monde.. Depuis le 14 février, son pendant columerin est apparu au lac du Perget.
Rassurez Mulder et Scully, cette création n’est pas due à une intervention extraterrestre mais bien d’un créatif columerin du nom de Phillipe Lapierre. Ce passionné d’art a, en accord avec la municipalité, implanté cette œuvre éphémère afin d’attiser la curiosité et d’apporter une nouveauté positive à notre contexte morose. Sur le monolithe, la signature de l’artiste Art ByFilou et le nombre 001, gage peut être d’une autre création à venir? Cela n’aurait rien d’incohérent dans la mesure ou l’artiste a participé au Burning Man ( immense rencontre artistique qui se tient chaque année dans le désert de Black Rock au Nevada), notamment sur une tour Eiffel de 13m de haut faisant office de brumisateur géant. Pour ce qui est de son œuvre par chez nous, ce monolithe argenté est paré de ballons rouges en forme de cœur. Unclin d’œil à la Saint Valentin bien sur mais ils ne sont également pas sans rappeler La Petite Fille au ballon de l’artiste Banksy.
Située à quelques pas du lac du Perget, cette œuvre éphémère est à admirer jusqu’à ce soir avant son retrait.
Lorsque Étienne Souriau établissait la classification des arts en 1969, il eut l’immense tort de n’en compter que 7, laissant à la marge l’intarissable source de plaisir et d’émerveillement qu’est la Cuisine. Qu’il me foudroie à l’instant si ça lui chante, j’affirme ici haut et fort que cette dernière a autant sa place au classement que le pantomime (sans vouloir vous froisser Monsieur Noureev).
Mieux, puisque jusqu’à preuve du contraire nous devons tous nous alimenter, nous sommes tous concernés et confrontés à ce 8ème art. Chaque repas est donc une création, une représentation, un concert, soit autant de chances d’en prendre plein la gueule. Ce noble art se trouve donc partout et constamment autour de nous ce qui lui confère un potentiel de surprise inégalable. Ainsi, à l’image d’un concerto pour violon de Nigel Kennedy, se rendre dans un établissement étoilé est l’assurance d’assister et de participer à la production d’un chef d’œuvre. La perspective d’avoir rendez-vous avec de l’art maîtrisé mais à la fois grisant est d’une délicieuse satisfaction. Cependant, comme l’on peut avoir la chance de tomber dans une rue sur une œuvre de Banksy, trouver un restaurant qui saura vous toucher avec ses modestes productions est une sensation que rien ne peut corrompre. Même pas l’argent. Surtout pas l’argent. Par chez nous, mon Banksy à moi c’est Julien. Celui qui tient le Bistrop Bon, un foodtruck régulièrement stationné à Colomiers.
Terme devenu péjoratif de par les tentatives culinaires éclatées qu’il a pu couvrir, le foodtruck n’incarne de prime abord qu’une notion de dépannage alimentaire. Manger vite, gras et pas cher. Bien heureusement, des exceptions existent et se distinguent. En l’espèce, le simple style de véhicule utilitaire utilisé révèle le goût du cuisinier qui l’habite. Il faut dire que le Citroën HY a tellement de charme qu’il nous ferait presque oublier que la marque a produit la BX Ourane et l’AX Spot (aka la voiture en carton).
À l’allure vintage et soignée, ce courageux petit camion sent bon la guinguette et les années ou la France semblait totalement insouciante, totalement heureuse. Même si il vit dans la délicate réalité de 2020, Julien a conservé dans ses yeux clairs cette légèreté et cette irrésistible joie de vivre. Autant avec la main qu’avec le cœur, il teinte sa cuisine de ces sentiments avec des plats traditionnels à nous rendre nostalgiques d’une époque que nous n’avons pourtant pas connu. Je ne vais pas vous en faire la liste de ce qu’il propose, de toute façon elle change constamment. Ce qui reste par contre, c’est sa façon de cuisiner avec envie et émotion, le garçon débordant de sincérité et de simplicité.
Pour ne rien vous cacher, je rédige ce papier juste après avoir mangé chez lui. Accoudé à une petite table, réchauffé par le soleil de cette belle journée de septembre, je n’aurais échangé ma place contre rien au monde. Comme on ne veut plus partir du Louvre une fois en face de la Victoire de Samothrace, mes pourtant si simples frites accompagnant un poulet au citron avaient un goût exceptionnel. À croire que le chef arrive à faire passer sa passion à travers ses créations…
Pour les bas de plafond, j’ai mangé des frites sur un parking. Pour moi, j’ai passé un moment fantastique qui, l’espace d’un instant, m’a fait oublier tout le reste. Le propre de l’Art en somme.